INVESTIR EN PRODUITS DERIVES

Depuis des siècles, des investisseurs utilisent les produits dérivés pour essayer de contrôler l’incertitude des placements. Les premiers contrats remontent au deuxième millénaire av JC, en Mésopotamie. Des exemples de dérivés ont également été découverts dans la Grèce antique et à Rome, et plus tard en Europe au XVIIème et XVIIIème siècles.

Aujourd’hui, il existe des milliers de types de contrats dérivés sur le marché ; ils sont basés sur une gamme quasi illimitée de classes d’actifs (actions, indices, matières premières, immobilier, etc). Cependant, toutes ces variations se résument à une combinaison de trois types de contrats de base. Dans cette édition d’AMFIE Academy, nous décrirons les principaux types de contrats dérivés et examinerons quelques-uns des principaux usages et risques associés à ces produits financiers.

 

Qu’est-ce qu’un produit dérivé ?

Un produit dérivé est simplement un contrat qui tire sa valeur des fluctuations d’une entité sous-jacente. Cette entité sous-jacente peut-être un actif, un indice ou un taux d’intérêt.

 

A quoi servent les produits dérivés ?

Les produits dérivés peuvent fonctionner comme une sorte d’assurance pour compenser les effets d’un évènement défavorable. Ils peuvent être utilisés pour réduire le risque de change, par exemple pour un investisseur européen qui souhaite détenir des actions américaines mais qui s’inquiéterait des risques associés aux fluctuations des devises, notamment entre l’euro et le dollar américain.

Il pourrait contrôler ce risque en vendant un contrat de change à terme sur des dollars américains, équivalent au montant de l’exposition aux actions. Si le dollar venait à baisser par rapport à l’euro, la valeur du contrat de change à terme augmenterait, compensant ainsi la perte de change résultant de l’achat d’actions. A l’inverse, si le dollar américain augmentait, le prix du contrat baisserait, compensant alors le gain de change. Dans les deux cas, le risque de change lié à l’investissement serait neutralisé.

Alors que de nombreux gestionnaires financier utilisent les produits dérivés comme un moyen prudent de gérer certaines formes de risques, les produits dérivés sont également utilisés par certains comme un moyen très risqué de réaliser des bénéfices. Ces investisseurs spéculeront sur la valeur de l’actif sous-jacent dans le cadre d’un contrat dérivé, cherchant à acheter un actif dans le futur à un bas prix lorsque le prix du marché futur est élevé ou, au contraire, cherchant à vendre un actif dans le futur à un prix élevé, alors que le prix du marché futur est bas.

 

 

Les trois principaux types de produits dérivés

La plupart des contrats dérivés consistent en des combinaisons infinies de trois types de dérivés de base.

 

  1. Les contrats d’option donnent aux investisseurs le droit d’acheter ou de vendre un certain actif, dit « sous-jacent ». Les stratégies d’options les plus courantes sont les options d’achat et les options de vente :

Une option d’achat (call) est un contrat, entre l’acheteur et le vendeur, pour échanger un titre à prix fixe dans un délai déterminé.

« Long call »: donne le droit d’acheter un titre à un prix fixe convenu d’avance.

« Short Call » : donne le droit de vendre un titre lorsqu'on pense que le prix du titre baissera à l’avenir.

Une option de vente (put) donne le droit au détenteur de vendre un actif à un prix convenu d’avance, et pendant une période ou à une date déterminée à l’avance.

« Long Put » : donne le droit de vendre un titre à un prix convenu d’avance ou à une date déterminée à l’avance.

« Short Put » : vous vendez le Put, parce que vous pensez que le prix du titre va augmenter.

 

  1. Swaps

Les swaps sont des contrats financiers fortement négociés qui peuvent être utilisés pour couvrir certains risques, tels que le risque de taux d’intérêt, et pour spéculer sur les changements dans la direction des prix sous-jacents. Les swaps peuvent également aider les investisseurs à éviter le risque de change, en éliminant le risque de fluctuations du taux de change.

Les swaps permettent à deux participants d‘échanger des instruments financiers, des flux de trésorerie ou des paiements pendant une période déterminée. Par exemple, une contrepartie peut échanger un taux d’intérêt fixe contre un taux variable. Les contrats de swap ne sont généralement pas négociés en bourse, mais sont plutôt des contrats privés négociés entre deux parties.

 

  1. Futures/forward contracts

Les futures et forwards sont des contrats très similaires.  Ils impliquent tous les deux la vente d’un actif ou d’un titre de base à une date future, le prix étant décidé dans le présent. La différence réside dans le fait que les contrats à terme-futures sont cotés sur une bourse qui fait office d’intermédiaire et, de ce fait, sont de nature standard et non modifiables.

Considérant que, puisque les contrats à terme-forwards ont lieu entre deux contreparties, il y a plus de flexibilité dans l’élaboration de l’accord, mais également une probabilité accrue de risque de crédit de contrepartie.

Contrairement aux contrats d’option, la vente dans un future ou forward est obligatoire.

 

Quels sont les principaux risques associés avec un investissement en produits dérivés ?

La plupart des produits dérivés sont des instruments à effet de levier, ce qui augmente leurs gains potentiels mais peut également exposer l’investisseur à des pertes importantes (voir encadré). De petits mouvements du prix du sous-jacent peuvent générer des rendements ou des pertes importantes. Si le prix du sous-jacent évolue de manière significative contre l’investisseur, le produit dérivé amplifiera ce mouvement, ce qui peut potentiellement conduire à des pertes très importantes. Les dérivés exposent également l’investisseur au risque de marché, au risque de liquidité et au risque de contrepartie.

Alors que les contrats dérivés modernes peuvent être extrêmement complexes et, dans certains cas, comporter un risque énorme, les dérivés peuvent également fonctionner comme un bon moyen de contrôler certains types de risques au sein d’un portefeuille équilibré.

Comment les produits dérivés peuvent générer un effet de levier ?

De nombreux investisseurs sont attirés par les produits dérivés en raison de leur potentiel de levier. Nous donnons ici un exemple de la façon dont un type de produit dérivé, l’option d’achat, peut fournir un effet de levier.

Une action de la société A est valorisée à 100 euros, mais pour 6 euros vous avez la possibilité d’acheter une option d’achat, ce qui vous permettrait d’acheter cette action à un prix d’exercice de 100 euros dans six mois. Vous pouvez soit dépenser 10.000 euros pour acheter 100 actions maintenant (100 x 100 euros), soit acheter l’option d’achat pour 600 euros (100 x 6 euros), ce qui vous donne la possibilité d’acheter les actions plus tard au prix prédéterminé. Quelle option choisir ?

Si vous deviez acheter les actions en utilisant l’option, le coût effectif serait de 106 euros par action, le prix devra donc dépasser 106 euros pour générer un profit. Les trois exemples ci-dessous montrent comment cette option d’achat peut générer des rendements.

  1. A l’échéance dans six mois, le cours de l’action reste à 100 euros
    1. Le rendement si vous achetez les actions est nul
    2. Le rendement si vous achetez l’option est de -100% car il n’y a aucune raison d’exercer l’option et vous perdez ce que vous avez payé pour l’option.
  2. A l’échéance dans six mois, le cours de l’action s’élève à 106 euros
    1. Le rendement si vous achetez les actions est (106 euros- 100 euros) / 100 euros = 6%
    2. Le rendement si vous achetez l’option et l’exercez est de (106 euros -100 euros – 6 euros) / 6 euros = 0%
  3. A l’échéance en mars, le cours de l’action s’élève à 112 euros
    1. Le rendement si vous achetez les actions est (de 112 euros à 100 euros) / 100 euros = 12%
    2. Le rendement si vous achetez l’option et l’exercez est de (112 euros – 100 euros – 6 euros) / 6 euros = 100%

Ces exemples montrent comment les dérivés d’options d’achat peuvent amplifier les rendements, à la fois positivement et négativement. Lorsque les actions ont été achetées en bloc, les rendements variaient de 0% à 10%. Lorsqu’ils étaient contrôlés par une option d’achat, ils variaient de -100% à 100%.

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