Sidération

À vos marques, prêts, partez ! 12 mars, l’annonce tombe : un cas présumé d’infection au coronavirus est à déplorer dans la grande famille de l’OMI. Fermeture du bâtiment. Nous voici en télétravail, chacun chez soi mais tous unis, esprit d’équipe oblige : c’est le seul garant de la continuité des services de traduction. 

Organisation individuelle et collective, le nouveau graal, c’est une liaison internet, de qualité, s’entend. Ordinateur, portable, tablette, que diable, nous sommes au XXIe siècle et qui plus est, « impossible n’est pas français » (c’est le Corse, alias Napoléon, qui l’aurait dit).  Tour d’horizon rapide, chacun se lance avec les moyens du bord : qui dans sa chambre en colocation sans table, qui avec bébé et enfants en bas âge, qui, encore, fraîchement débarqué(e) de France pour prendre ses fonctions. L’entraide est immédiate et réconfortante : l’horaire souple prend tout son sens. Le vilain virus nous nargue au sein du service ? C’est toute l’équipe qui se serre les coudes et apporte son soutien. Avalanche de courriels à propos de l’organisation du travail, mais l’improvisation marche à merveille et Excel, Sharepoint, Teams prennent du galon : tableaux, feuilles de présence, répartition des documents (qui fait quoi et quand), état de santé, liste du matériel faisant un peu, beaucoup ou cruellement défaut (respectivement, un fauteuil de bureau, un deuxième écran et une connexion stable – l’ordre de priorité évoluera au fil des jours), rien ne leur échappe. Résultat réjouissant : le nombre des onglets et la liste des liens « favoris » s’allongent et le tour est joué. Passons à la priorité : traduire les documents, mais euh …de préférence à l’aide du tout beau, tout nouveau système d'aide à la traduction et à la terminologie. Seul léger hic : la formation dans nos locaux à ce sésame a été subitement interrompue. Immersion immédiate, incontournable, mais efficace, enfin surtout grâce aux collègues déjà rompus à l'outil, qui se mettent en quatre pour prêter main forte (et virtuelle !) aux plus hésitants. Balbutiements des réunions de service sur 'teams', empreintes parfois d’un léger voile de frustration (« tu m’entends ? ..... Répète stp") et invariablement d’une joie éclatante (quel plaisir de s’entendre, et – trois réunions plus tard – de se « voir », enfin au bon gré des pixels, impitoyables). On s’écoute, on se livre un peu plus que d’habitude, on cherche des solutions. Sentiment de surchauffe pour cause d’inflation de documents urgents ? Allons donc, le sort des gens de mer coincés à bord de navires en mer depuis des semaines, des mois, remet les pendules à l'heure : pour nous, en somme, tout va bien, et pour un peu, la « téléroutine » (pilates le mercredi, cours de langue le lundi, zumba le vendredi) s’installerait. Sauf que…

s’insinue prudemment la question du retour au bureau : hésitation ou aspiration ? 

Une demande d'affiliation à l’AMFIE a coupé court à mes interrogations : j’ai enfourché mon vélo et repris le chemin de l'OMI – certifier la photocopie d’un passeport n’attend pas ! 

Catherine Bécour

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